Imagerie du conflit de hanche

 Radiographie standard

Dans les premiers temps du conflit de hanche, les radiographies standard se montrent bien souvent normales. En particulier elles ne montrent pas de signes d'arthrose débutante, en particulier sur le faux profil de Lequesne (figure 3) où l'on ne voit pas encore de pincement de l'interligne (amincissement de l'espace articulaire dû à la dégénérescence du cartilage).




Figure 1: Cliché de face




Figure 2: Radiographie de face





Figure 3: Faux profil de Lequesne qui permet d'évaluer l'interligne articulaire.



Les radiographies précédentes ne permettent pas vraiment de mettre en évidence la présence d'un conflit de hanche (alors qu'il est bien là). L'interligne (espace interarticulaire entre la tête fémorale et l'acétabulum) paraissait bien préservé et seule la présence d'amorces osthéophytiques qui sont de petites excroissances osseuses signifiait que quelque-chose ne tournait pas rond.

On ne voit pas non plus de géodes qui sont comme des cavités apparaissant dans l'os et qui peuvent témoigner d'une zone supportant des contraintes trop importante.
Dans le cas du conflit de hanche par effet de came, on retrouve parfois une géode osseuse sous l'excroissance osseuse. Dans mon cas, il n'y en avait pas encore.



Clichés en incidence de Dunn

Au contraire des précédents clichés, il est une incidence qui permet de révéler très rapidement le conflit de hanche et donc de gagner du temps: il s'agit de l'incidence de Dunn à 45°.
Elle consiste à prendre un cliché de la hanche alors que le patient est allongé sur le dos avec avec une flexion à 90° et une abduction à 30° environ, ce que l'on obtient en faisant reposer la jambe sur une cale.

Le cliché suivant est assez de la pathologie dont je souffrais. Les animations de la page "Qu'est ce que le conflit de hanche ?" montre en quoi il y a un conflit entre le fémur et le bassin. La vidéo en lien a été réalisé à partir de la configuration vue sur ce cliché radiographique (il s'agit donc d'une simulation de ma hanche avec respect des dimension dans le cas où l'on prolongerait le mouvement dans le plan de la radiographie). On voit bien que la courbure de la tête fémorale n'est pas régulière et qu'il y a un défaut de sphéricité. 



Figure 4: hanche gauche en incidence de Dunn montrant une belle came fémorale.



Ce type de radiographie n'est pas effectué en première intention et il est réalisé quand on suspecte déjà le conflit de hanche. C'est donc en général un médecin connaissant le problème qui vous prescrira ce type de radio. Voilà une des raisons pour laquelle le conflit fémoro-acétabulaire peut rester incognito tant que l'on ne va pas voir la bonne personne.




L'arthro-scanner

Une fois mis en évidence le conflit fémoro-acétabulaire grâce à la radiographie en incidence de Dunn, l'étape suivante est de montrer les dégâts qu'on subit le labrum et le cartilage pour pouvoir envisager les suites opératoires.

Dans cet objectif, l'appareil qui permet d'avoir la meilleure résolution est le scanner. Celui-ci émet des rayons X qui ont la capacité de traverser les tissus et en particulier l'intensité du signal transmis varie en fonction de la densité des tissus, ce qui permet de les délimiter et de les différencier.
Mais dans le cas de l'examen du conflit de hanche, il est beaucoup plus pertinent de réaliser un arthro-scanner qui améliore encore les possibilités de visualisation des défauts en injectant dans l'articulation un produit opacifiant iodé. Cette injection a lieu sous contrôle fluoroscopique pour vérifier que le liquide se diffuse bien dans l'articulation. Celui-ci va remplir progressivement toute l'espace compris dans la membrane synoviale et en particulier il va rentrer dans les anfractuosités du cartilage ou du labrum. Cela va mettre en valeur les lésions occasionnées par le syndrôme  du conflit antérieur.
Cet examen permet également de révéler des corps étrangers présents dans l'espace inter-articulaire.



Figure 5: Fluoroscopie montrant l'aiguille et la diffusion du produit de contraste dans la hanche


Mon avis sur cet examen

Me concernant, je suis un peu déçu à la sortie de l'examen car je pensais qu'il allait révéler des choses intéressantes et montrer avec précision une belle déchirure du labrum et des clapets cartilagineux bien apparents. Je souhaitais vraiment voir la cause de ma douleur. Mais malheureusement non, on ne voyait pas grand chose sur l'arthro-scanner, sauf si l'on regardait avec beaucoup d'attention. 

Si vous avez prévu de passer cette examen et que vous n'êtes pas tranquille à l'idée que l'on vous enfonce une aiguille jusqu'à l'intérieur de la capsule articulaire, soyez rassurés car vous aurez auparavant été anesthésié. Vous ne sentirez pas grand chose. Toutefois, il est conseillé de vous faire emmener à l'examen et de ne pas solliciter votre hanche directement après celui-ci (le mieux est d'observer le repos pendant 48h).

Si jamais vous devez passer cet examen, normalemement on devrait vous "décoapter" la hanche avant et pendant les clichés pour que le liquide contrastant pénètre dans les interstices de votre cartilage. Cela va aussi diminuer la pression sur le cartilage et rendre apparents les éventuels délaminages qui ne seront plus plaqués contre la paroi. Pour cela, il suffit d'exercer une traction modérée sur la jambe en question.


Les images suivantes montrent les clichés les plus intéressants. Vous pourrez constater que la déchirure du labrum est en fait bien visible.




FIgure 7: coupe transversale de la hanche d'allure saine




Figure 8: cliché montrant les dégâts sur l'articulation






Figure 9: coupe coronale de la hanche montrant un osthéophyte en collerette





L'arthro-IRM



De la même manière que pour l'arthro-scanner, on injecte un produit de contraste lorsque l'on réalise un arthro-IRM. Cette fois-ci pourtant le rayonnement utilisé est magnétique et est produit soit par un aimant, soit par un système de bobines de fil conducteur, ou soit pour le haut de gamme par des bobines en matériau supraconducteur refroidies à l'azote liquide. Dans le dernier cas, on se repose sur la propriété des matériau supraconducteurs qui laissent passer le courant électrique sans lui opposer de résistance à une température proche de -200°C. Cela permet d'avoir un plus grand champ magnétique, et donc des images d'une meilleure résolution.
Concrètement on a recours à l'arthro-IRM dans le cadre du conflit antérieur de hanche quand l'on suspecte également une autre pathologie telle qu'une nécrose aseptique de la tête fémorale, une fissure osseuse, ou un problème musculo-tendineux. En revanche, la résolution de l'IRM est inférieure à celle du scanner, ce qui fait que l'on passe plus facilement à côté de lésion plus discrète.

N'ayant pas pratiqué cet examen, je n'ai malheureusement pas de clichés personnels à dévoiler.




2 commentaires:

  1. Merci beaucoup pour votre blog. On trouve en effet peu de documentation aussi bien détaillée sur le conflit de hanche regroupée au même endroit.
    Je me suis reconnu en vous car mon parcours est pour le moment similaire. Pratiquant les arts martiaux et ayant des douleurs à l'aine, les médecins ont longtemps cru que j'avais une tendinite des fléchisseurs de la hanche avant que je décide de consulter un chirurgien spécialisé.
    Les résultats de radiologie et d'arthroscanner ont montré un conflit mixte (pince+cam) et des ulcérations profondes du cartilage cotyloïdien (pas de déchirure labrale apparemment).
    Je revois le chirurgien bientôt pour savoir s'il faut que je me fasse opérer.
    Merci d'avoir partagé votre expérience et les différentes méthodes disponibles

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Bonjour Fred,
      Excusez-moi de vous répondre si tard, je viens de voir votre commentaire. Vous avez eu raison de rencontrer un chirurgien spécialisé car sans cela vous auriez pu attendre longtemps. Si vous avez des ulcérations profondes du cartilage (grade III ou IV) occasionnée par un conflit mixte, il y a de bonnes chances que l'on vous opère afin de soulager l'articulation car ces dommages ne se répareront probablement pas tout seul (le cartilage n'étant pas vascularisé). Concernant votre labrum, il est souvent délicat de trouver une déchirure sur les clichés. Ces déchirures sont pourtant très courantes dans les cas de conflit antérieurs et si vous souffrez déjà, c'est probablement parce que ce tissu a été lésé. Votre chirurgien sera sans doute le plus à même d'éclaircir ce point.
      À bientôt et merci pour votre contribution

      Supprimer